Famille Cardine


Le milieu familial dans lequel Eugène Cardine vint au monde était profondément chrétien. Normand par son père, il appartenait, par sa mère, à l'Île de France. Marie-Louise Benoist, née en 1872, épousa, le 7 juin 1898, à Saint-Martin de Plailly, Henri Cardine, pharmacien à Courseulles-sur-Mer (Calvados).

Madame Cardine


Elle s'était mariée avec le désir de donner des prêtres à Dieu. Son vœu fut exaucé en la personne de ses trois fils: Louis, né en 1902, Eugène-Alexandre, né le 11 avril 1905, et Albert, né en 1909. Cette mère exemplaire décéda le 19 avril 1939.

Les trois frères donnaient lieu à une charmante accommodation du verset biblique du 1er Livre de Samuel (11,8): Domini sunt cardines terrae ; les quatre points cardinaux de la terre sont au Seigneur... de même les quatre Cardine sont à lui...

Intelligence éveillée


Eugène, dont le prénom, dans la famille, remontait à l'époque de l'Impératrice Eugénie, se révéla d'une intelligence éveillée, ardent au travail, mais tenant de son père une santé précaire. Entré en 1915 au collège Sainte-Marie de Caen, il fut atteint, au printemps 1918, d'une affection pulmonaire qui faillit lui coûter la vie. Le petit séminaire de Caen l'accueillit en 1922. Un an plus tard mourait son père, enlevé par une fièvre typhoïde.

Séminaire de Bayeaux


Son baccalauréat une fois obtenu, Eugène s'orienta vers le grand séminaire de Bayeux, où son frère aîné, Louis, l'avait précédé et où le suivrait son frère puiné. On lui confia la tâche de maître de chœur. Mme Cardine, qui chantait et jouait du piano, avait commencé très tôt l'éducation musicale de son fils. Lui-même racontera qu'un jour, jeune enfant de chœur de 5 ou 6 ans, il s'était mis à chanter tout seul le Gloria du Magnificat alors que l'encensement n'était pas terminé, ce qui lui avait valu une semonce de son père.

Au printemps de 1928, le séminariste fit part de sa grande décision : il quitterait le diocèse pour la vie bénédictine. Il était venu à Solesmes dès 1925, on l'y avait revu en 1927. Dom Lucien David, maître de chœur de Saint-Wandrille, était passé au séminaire de Bayeux. Or, il y avait à cette époque quelques divergences de vues entre l'abbaye normande et Solesmes en matière d'interprétation grégorienne. L'abbé Cardine trouva heureusement sur sa route un moine (Dom Gontard) qui sut le rassurer en relativisant le problème. L'annonce de son départ ne surprit pas trop. Un ami, prêtre à St Etienne de Caen, lui écrivit...

J'ai souvent soupçonné en vous la matière éloignée ou prochaine d'un moine bénédictin. Vous aimez la louange divine; vous êtes encore de ceux, rares hélas, qui croient à l'utilité des contemplatifs, à la nécessité d'un culte rendu au Seigneur avec un soin spécial...